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Omsk, jour 2 et 3

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Omsk, jour 2 et 3 Empty Omsk, jour 2 et 3

Message  Team Rocket Jeu 21 Juil - 5:04

La team rocket vous présentre une collaboration Lepère/Pelletier pour ce deuxième compte rendu trépidant. Quand il n'y a rien d'écrit c'est Arthur qui écrit, y'a seulement à la fin où j'ai fait une apparition, entre les balises [Pelletier]... Dups n'écrit pas, Allah seul sait pourquoi.


Jour 2 : mardi 19 juillet

Touchette !
J'ai rendez-vous à 9h avec Olga pour distribuer de la nourriture aux sans-abris. A 9h, son bureau est fermé. Les femmes à côté m'indiquent qu'elle ne travaille qu'après manger, après 13h. Très bien ! Je peux donc aller à la messe qui vient de commencer dans l'église intérieure juste en face. Office en russe par le père Voychek, accompagné à l'orgue électronique par une fille d'une quinzaine d'année, et sa maman qui chante, on retrouve les stéréotypes de la paroisse, genre la télécommande de l'afficheur électronique du numéro de chant à distance qui marche pas.
Ensuite je vais chercher la clé de notre chambre 314 chez Charles Pelletier dans la cuisine, et au passage je propose mon aide à la cuisinière : elle s'appelle Olga aussi, elle me fait laver un robot mixeur, et elle est ancienne championne de vélo de l'Union Soviétique.
Après cela et essayé en vain de me connecter grâce au câble Internet à l'étage, je vais finir ma nuit sur mon lit. Quentin puis Charles arrivent dans la chambre pour faire de même. A 13h15 on va déjeuner. J'ai peur de rater ma respo Olga et que le camion Caritas garé dans la cour parte sans moi. On déjeune avec les Slovaques et une sœur aussi slovaque, Denisa. Sœur Mikhaila nous rejoint pour demander qui prend le camion avec elle cet aprem. Je me fais connaître. Mikhaila, tout comme Denisa, est sœur de la charité, de l'organisation basée Rue du Bac à Paris, Saint Vincent de Paul. Elle me donne rendez-vous pour 14h.

Et je suis au rendez-vous. On embarque dans la CaritasMobile, avec le religieuse, Olga babouchka, et le chauffeur Alexandrei je crois, et c'est parti. En tête à tête avec sœur Mikhaila dans la salle médicale du camion, on discute de Taizé, d'Omsk, de la vraie Russie, de provincialisme et de la politique de stages de Polytechnique. Le camion s'arrête.
On est devant de gros tuyaux, d'arrivée d'eau je pense, où déjà une grosse dizaine de sans-abris nous attendent. Beaucoup d'adultes ou d'âgés des deux sexes, le visage marqué, et un en costard vieilli. Quelques jeunes qui semblent bien portants et que la chance a oublié.
J'essaie de me rendre utile pour porter deux-trois machins. Olga note le nombre de gens sur un cahier, et sert du pain pendant que je sers la nourriture : une espèce de lentille ou de blé foncé, qu'on avait mangé à midi et qu'on remangera le soir d'ailleurs.
Pendant ce temps, ceux qui le veulent peuvent passer une visite médicale avec la religieuse, et le chauffeur sert du thé.

Taducœur section Sibérie : premières armes.

Une petite cinquantaine de bols plus tard (d'après le registre d'Olga), les gens commencent à ne plus en reprendre donc on remballe, et on repart. A 15h35 j'ai rangé le dernier bidon et ma journée de travail harassante est terminée.

MOUHAHAHAHAHHA !

Bon, le chauffeur m'a dit d'être devant le camion demain à 9h15 pour distribuer le thé, donc je risque de devoir trimer matin et soir finalement, rien de grave.

On se connecte pour lire nos messages et en envoyer à nos parents, via le PC de Benjamin le volontaire allemand, et après un indispensable temps de glandouille, les Slovaques nous proposent d'aller nous baigner dans l'Irtysh, on accepte. Oui c'est pollué, oui il y a des péniches industrielles, oui il fait gris et sur le pont en face il y a des embouteillages, mais c'est quand même rigolo. On fait fi de la fraicheur de l'eau, on fait fi du cancer de la peau (ça rime en prime) et ça part en baignade.

On bronze en matant un peu.

Retour : on mange de la salade avec nos amis slovaques, j'ai mangé la brioche de Charles, c'était très bon mais je le regrette terriblement, et on part en soirée.

On passe devant le gardien, ce soir c'est pas Evguenie c'est Victor. On fait connaissance, je lui sers la main mais il refuse de serrer la main aux autres à travers le seuil de la maison : la superstition décrite par le Routard existe ! Ils le rejoignent de son côté de la porte et lui serrent la main. Victor nous fait savoir qu'on peut le réveiller quand on rentre en appuyant sur la sonnette. OK.

On fait le tour de Omsk by night. Bah c'est pas folichon. On passe devant le DJ Bar, un truc qui a l'air un peu vide de l'extérieur mais pourquoi pas. Toujours est-il qu'on préfère aller voir si la fête n'est pas sur la plage.

Bah non, elle est pas sur la plage. Ni dans la rue. Ni dans les parcs. Ni dans les apparts apparemment mais ça faudra vérifier quand même. On demande à quelques groupes assis s'ils savent où тусаваться, faire la teuf. Deux groupes répondent "à l'Atlantide", la grosse boîte du coin, et nous donnent des directions sans faire signe de vouloir accompagner les trois Français en vadrouille. Le dernier groupe, un mec en mulet (Dima, encore) et trois jeunes filles, nous suggère d'aller plus dans le centre, éventuellement en taxi : on dit qu'on préfère marcher, ils nous proposent de nous amener en voiture. On accepte.
On monte donc à sept, deux mecs à l'avant, deux mecs à l'arrière avec les trois filles, dans la voiture de Dima. Et c'est parti !
Après quelques minutes, ils nous déposent devant le DJ bar. Youpi. Ils nous accompagnent vite fait à l'intérieur parler à la patronne en tailleur, et on ressort discuter : nous on peut entrer, eux ils vont se coucher, mais Charles prend un numéro et deux facebook au cas où. Et ils repartent.

Le DJ bar aux prix élevés, filles moyennement motivées qui dansent en sous-vêtements sur la scène, et mafieux sibériens assis dans des canapés, ne correspond pas à notre idée de la soirée sympathique. On se dit que тусаваться, en fait, ça doit être connoté, parce qu'on nous amène toujours dans des trucs un peu glauques après...

On repart le long de la plage, on trouve rien, Quentin fixe deux objectifs de soirée : trouver un burger, boire une bière.
On décide de rentrer par la ville. Après être tombé sur un Cyber café H24 fermé ce jour-là, on finit par se diriger vers quelques lumières : c'est l'Atlantide ! Et, mieux encore, juste à côté d'un KFC ouvert toute la nuit !
Quentin entend les voix des anges chanter Alléluia.

On rentre au burger avant, pour commander un petit menu parce qu'il finit par faire faim. On remarque une borne WiFi libre service, ça peut s'avérer utile. En revenant à l'Atlantide, on s'aperçoit qu'il faut payer 150 roubles pour rentrer, qu'il est 2h et qu'on est fatigués, et que d'après les affiches le club fait des soirées soit en mode Strip soit en mode Gay (soit les deux), globalement. Charles est motivé par la soirée mousse de samedi soir. On décale.

On voit deux jeunes filles dans un parc au retour, on va leur demander où les Russes prennent un verre le soir quand ils veulent discuter, elles nous répondent qu'elle sont pas Russes mais Kazakhe pour la plus jolie (dans le genre rousse un peu boulotte), et qu'on pourrait essayer l'Atlantide. On leur répond que c'est un boîte pour beaufs, elles se marrent, elles avouent qu'elles aiment pas y aller mais que pour nous ça peut être bien. Hum. La Kazakhe dit faire des études pour être une tondeuse à gazon, on comprend pas tout. Et en cinq secondes elles nous disent "Bon on doit y aller poka poka !" et elles s'en vont. Bon, on les retient pas, un peu perplexes.

Arrivés au foyer, on réveille Victor par la sonnette et on s'endort.

Omsk va pas être une ville évidente. Objectif : se faire des potes le jour.

Note : "Je peux rallumer dix secondes Dups ?""Aaaargh !""Ah pardon."

Jour 3 : mercredi 20 juillet

Il pleut. Je me lève à 9h14 pour un rendez-vous dans le camion à 9h15. J'arrive à 9h22 dans la cour, le camion est parti. Bon. Je suis un boulet, dommage. J'en profite pour écrire cette dernière phrase. Peu après, Quentin me rejoint : son respo lui a dit d'aller glandouiller, vu qu'il pleut. Stage ouvrier.
Rebondissement : à 9h45, Irina débarque dans notre chambre en disant des trucs. Je comprends qu'en fait le camion était juste pas encore parti, je le rejoins. Quentin se propose pour aller aider Charles dans la cuisine.

Je pars donc servir du thé entre 10h et 12h30 (trajet compris), en compagnie de Sacha le chauffeur au tatouage sur la main et un faux-air d'André Colin, et du Slovaque Mikhail (Mislek ? Michelk ? Marlek ?) qui distribuent le pain. Pas grand-monde, mais quand même. Entre autres une fille d'une douzaine d'année qui vient chercher du pain pour sa famille. Youpi. Moi mon problème principal du moment c'est que ma veste se ferme pas correctement.

Ensuite on rentre siester/déjeuner, et on repart. A 13h55 je trouve un réseau wifi non sécurisé près de la fenêtre, à 14h je descends au camion Caritas pour ma tournée de l'après-midi : ils étaient prêts à partir, je saute dedans. Je somnole pendant le trajet. A l'arrivée, distribution de soupe-brioche-thé, je revois des gens d'hier. Au retour, Sacha m'informe que tous ne sont pas sans-abri, juste au chômage. Pendant le trajet retour, bercé par les cahots de la route, la pop de la radio et les discussions en russe entre la sœur et le conducteur, ma tête dodeline régulièrement... Ça fait marrer mes compagnons de route.

Au retour, on prévoit la suite du mois et l'organisation des week-ends (successivement Omsk/Camping avec Irina/Altai/Novossibirsk en Transsibérien). On regarde nos notes sur Internet, et on rage contre la direction des études.

Ce soir pizza party.

[Pelletier]
Aprem un peu chiante pour ma part, avec Dups on est allé au centre ville bouffer un chicken burger et profiter du Wifi gratuit dans le resto. On a maté les possibilités pour aller voir le Baikal tout en rentrant à temps à Ekaterinbourg (50h de train non stop mon gars) sur Internet, ça s'avère assez cher et compliqué.

Blasé par ça, j'avais envie d'être seul et je pense que Dups avait du mal à me supporter, ce qui est normal. Je suis parti seul dans une agence touristique russe pour voir si ça sera moins cher là bas. Ca l'est et en plus la préposée est jolie et sympa, quoi demander de plus ? A priori ça ressemble à ça: Omsk-Novossibirsk-Baikal-Ekaterinbourg en une semaine, une trentaine d'heure de train et deux avions.

Puis je rentre vers le foyer, et me dis qu'on doit se faire quelques contacts vue la lose extrême de notre soirée d'hier. Je croise un groupe de deux filles dont une avec des lunettes carrées, je leur explique vite fait ma situation et elles sont assez saucées, cool. Au bout de 5min l'une me dit être lycéenne et pas étudiante, tiens tiens... Julia aux lunettes a donc 15 ans et sa pote Katia 17, et merde. Je clôt la conversation rapidement mais j'avais déjà leur numéro, comme tout pédophile qui se respecte. J'essaierai aussi avec deux autres un peu plus vieilles, elles me recommandent quelques endroits, je leur demande où ELLES font la teuf, elles me répondent d'aller chercher sur Google, merci bonsoir...

En soirée rien de ouf se passe, on discute pas mal avec un groupe de jeunes cools, je crois qu'ils nous trouvent lolifiant. L'une d'entre elle a l'air particulièrement seule et contente de voir trois tocards débarquer à Omsk, elle répond au doux nom français de Louisa. On finit par se quitter pour aller au KFC où la mignonne serveuse Nastia lâche un énorme sourire complice à Arthur en lui tendant son burger de porc. Dups et moi le motivons, bien qu'il n'en ait sûrement pas besoin, et il finira par repartir avec son 06, à mon sens il prend la tête du concours d'abordage le plus improbable de ce voyage. Bravo champion. A la sortie du KFC on recroise Louisa avec ses deux copines et un groupe de beaufs russes, trop crevés on décide de rentrer.

La perspective d'une nouvelle soirée de merde m'aura fait envoyer un texto à Julia pour savoir si ça buzz ou pas ce soir à Omsk. Elle et sa copine ont l'air au taquet, ça finira par lâcher son adresse par texto à 3h du mat, là le terrain devient glissant et je me vois déjà derrière les barreaux, donc je vais au foyer, bien sûr. Dodo, demain je dois taffer dur, eh ouais stage ouvrier tu peux pas test !
[/Pelletier]

Team Rocket

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Omsk, jour 2 et 3 Empty Re: Omsk, jour 2 et 3

Message  Team Rocket Jeu 21 Juil - 10:38


Hey ! Un autre point de vue plus détaillé (horriblement plus détaillé, oui) d'hier soir et de ce matin, avec en prime un Russe qui fait des blagues pédophiles, de la philologie, des "ty otchen krasivaya" et une soeur qui nous fait marrer.

___

[Back to the future]
Après nos trois pizzas et étant donné l'insuccès teufistique de la veille, on décide de sortir mais cette fois-ci avec une Baltika 9 à la main par appâter le jeune Russe. Et aussi parce qu'au moins on pourra noyer nos échecs.
Cette fois-ci on sort plus tôt, voire trop tôt : il fait encore jour, et avec nos bouteilles on fait clairement pochtrons. On se dirige à nouveau vers la plage, en essayant par moment la technique de parler français ostensiblement pour jouer la carte exotique. "Fromage ? Coco Chanel, béret basque, Jean-Paul Sartre ?""Oui oui, la Tour Eiffel et j'aime le roquefort."
C'est amusant mais ça ne sert à rien, en pratique. On s'arrête dans un parc pour essayer d'aborder un groupe de cinq étudiants qui se baladaient : "Excusez-moi, je... excusez-moi... exc..." Et les voilà qui passent devant nous sans s'arrêter. Première fois en Russie, youpi.

On décide de zoner vers l'Irtysh, où je finis ma bouteille. On admire un peu le passage des péniches de métal rouillé passer sous le pont en béton, à la lueur de la lune. En se dirigeant à moitié au hasard et à moitié en suivant la musique, on se retrouve dans un bar sur la plage genre camping sous une toile de tente, avec quelques tables, des danseurs types mamans célibataires et boxeurs de quarante ans, et une barre où se trémousse l'un après l'autre un représentant de chacune de ces deux catégories. On s'assoit pour profiter du spectacle, parce que c'est pour le moment la partie la plus marrante de la soirée. On prend une autre bouteille pour oublier ce fait, et on va même danser deux minutes comme des cons sur un morceau du DJ démotivé, de la pop locale dont le refrain fait "Vaina ! Vaina ! Vaina !". Soit c'est un prénom de fille, soit le chanteur fait l'apologie de la guerre [Note culturelle : "Vaina i Mir", c'est "Guerre et Paix".]

En sortant, on trouve un groupe de jeunes assis sur un muret devant la rivière, et on entame la conversation habituelle :"Bonsoir, nous sommes des étudiants français, c'est notre deuxième soirée à Omsk, vous savez où on peut faire la méga-teuf... enfin pas vraiment la méga-teuf, juste boire un verre et parler à des gens... non pas forcément que des jeunes filles..." etc. Pour le coup ils sont sympas, même si ils restent parfois un peu froid. L'une des filles porte un coupe-vent LFP, Ligue de Football Professionnel, ça nous intrigue mais en fait devant il y a écrit Barcelone : on vient donc par erreur de faire remarquer que le garçon au mulet juste devant nous (Evguenie, alias Jack) portait des affaires de contrefaçon made in China, ah le tact français... Enfin je pense que je suis seul parmi les onze présents à l'avoir ressenti comme ça [NdPelletier: ils en riaient avec nous]. On les fait marrer avec nos connaissances rudimentaires de l'argot. Les garçons travaillent (plus ou moins, ils sont un peu en vacances et un peu au chômage mais on n'a pas cherché à en savoir plus), les filles sont étudiantes "philologues". [Note : je n'ai aperçu ce mot que deux fois auparavant, une fois parce que Tolkien est aussi philologue, et une autre fois dans mon guide de conversation moscovite, d'ailleurs ça m'avait intrigué. Je ne sais pas s'il désigne la même chose ici...]

La fille au coupe-vent qui n'est pas le sien porte une polaire rose en dessous. Elle ressemble à une Italienne rencontrée à Taizé. Elle s'avère s'appeler Louiza... [Oui comme ma dernière copine et celle d'encore avant, ça m'a fait tiquer.]
Evguenie prononce un truc avec le mot "enfant". Je veux savoir ce qu'il a dit. "Tu aimes les enfants ??" Il répond avec élégance "Oui, j'aime les enfants, ahah !", puis répète sa réponse en l'accompagnant d'un geste universel : les bras en position de porteur d'un plateau-repas, il alterne coudes en avant-bassin en arrière et coudes en arrière-bassin en avant. Je ris. Oui je fais des blagues pédophiles avec des Russes en Sibérie, life experience !
Les gens s'en vont un par un, mais pas avant qu'on ait fait quelques photos de groupe et qu'on ait pris le numéro de téléphone de Louiza. Une fois à cinq ou six, on repose les questions de départ, qui sont : est-ce qu'on peut sortir se poser à Omsk la semaine ? On nous a conseillé l'Atlantide, mais elles nous avertissent qu'on ne devrait pas y aller si on veut pas se faire tabasser (geste à l'appui pour expliquer le sens du mot). D'ailleurs on ne devrait même pas sortir du tout dans la rue la nuit. Et elle a appris le kickboxing pour pouvoir se promener dans Omsk sans être inquiétée. On répond que jusqu'à présent dans la rue on n'a rencontré que des gens sympathiques, mais qu'on fera attention promis. Aussi les Français sont bien mieux aimés que les Américains ici, la base.
Sur une page internet "Omsk City of Hardcore Partying", un routard fait part de son expérience de traversée de la Sibérie et de sa soirée mémorable pour 50 roubles au club Kristall, excentré. On demande si le club existe encore, on nous répond qu'il a été remplacé par un cinéma...
Probablement une affaire mafieuse qui a mal tournée ? (spéculation Lepère)

Au cours de la conversation, les deux pintes se rappellent à notre souvenir, et on s'excuse à tour de rôle pour admirer les bords du fleuve.

On décide de continuer à marcher, et nos pas nous guident naturellement vers le KFC à côté de l'Atlantide. On se dit que ça serait pas mal de faire ami-ami avec les serveuses, vu qu'on risque de passer régulièrement... On s'est jamais présenté aux gens du burger à Saint-Pétersbourg et on l'a regretté.
Je prends donc un petit sandwich au pain de sésame (hey, vous connaissez beaucoup de synonymes au mot "burger", vous ? bah moi non plus). La serveuse est brune aux yeux gris, plutôt pas mal dans son genre (le genre "très jolie", "vraiment très jolie" ou plutôt "épouse-moi-maintenant-on-ira-vivre-dans-une-yourte-et-on-sera-heureux-avec-trois-enfants-qu'on-appelera-Olga-Irina-et-Robert jolie"). Grâce à Dups qui commande maladroitement son Burger de la Mort, je réussis à entamer un début de conversation, à base de "Excusez-nous on ne parle pas russe très bien, on est des étudiants français...""Ah vous êtes français ? Cool !""Oui, tu es de Omsk ?""Bah oui crétin sinon je me ferais pas chier à KFC". Pour la dernière phrase, j'ai pas bien compris si c'était ça ou juste "85 roubles s'il vous plaît", je suis pas doué avec les nombres. Elle me répond aussi à un moment qu'elle s'appelle Nastia.
À table je dois avoir un sourire jusqu'aux oreilles, Charles m'annonce que si je ressors sans son 06 je ne suis plus autorisé à dormir dans la chambre 314 du foyer Caritas, et que je devrai me faire appeler Germaine jusqu'à la fin du séjour. On dépose nos plateaux, et en partant je demande : "Hey ! euh... on voudrait savoir où sortir à Omsk, et puis aussi tu es otchen krasivaya, [-Cpacibo!], est-ce que tu peux écrire ton numéro...""Oui oui je peux." Elle écrit, elle sourit, je fonds, je dis bonne nuit, elle dit "nan moi je continue à taffer" et "ahahaha t'es vraiment un gros crétin" (mais là c'est peut-être "au revoir"), et je sors en me disant que j'ai attendu d'être en Sibérie pour demander des numéros, life experience again.

En sortant on recroise Louiza avec quelques copines restantes et de nouveaux copains devant l'Atlantide. On va les voir, pendant la conversation elle me demande si je me souviens d'elles... Je dois avoir l'air soûl ? Pour meubler je demande s'ils connaissent "T'as une tache, pistache" avec démonstration sur une jeune fille à l'appui. Gros blanc. J'en conclus que non. On dit qu'on est fatigué et qu'on veut pas faire la fête, et on rentre.
Sur le chemin du retour, une voiture fait un tête à queue sur l'avenue pour prendre la route qui est à 90° (kéké...), et on croise un gars seul bourré qui crache du sang. Venez en Sibérie c'est sympa. Ensuite on réveille un nouveau gardien, et dodo.

Jour 4 : jeudi 21 juillet

Ce matin je vais voir à 9h15 si le camion est prêt à partir. Il est dans le garage et pas devant la porte, étrange. Sacha me voit dans la cour et me dit de venir, étrange bis. Quand mes neurones finissent par faire la connexion, je réalise qu'il veut que je nettoie le camion avec son balai-jet-d'eau. D'accord. Je nettoie donc un camion Caritas pour la première fois de ma vie, stage ouvrier power. Après plusieurs minutes, j'allais repasser une dernière fois sur les saletés restantes, et Sacha revient, admire le camion tout propre... non en fait il s'aperçoit que je suis vraiment une branque et il re-nettoie correctement le camion. Utilité du stagiaire ingénieur : 2/10. Faut que j'apprenne à nettoyer des voitures.
Il me donne rendez-vous à onze heures et quart pour livrer le thé, donc je comprends 13h15 évidemment. Il vient me chercher dans ma chambre à l'heure prévue, j'étais allongé en train d'écrire le compte-rendu d'hier soir. Crédibilité du stagiaire ingénieur : 1/10.
[Note : penser à parler des "difficultés de communication entre les niveaux hiérarchiques" dans mon rapport de stage, plutôt que de la "débrouillardise nulle d'Arthur Lepère", ça fera mieux.]

On part distribuer le thé, dans un endroit différent d'hier. Avec toujours la radio pop Datcha pendant le trajet, et le conducteur en lunettes en verre fumé et en mitaines de cuir. Au point d'arrivée, toujours pas grand-monde. Une petite dizaine de personne défile pendant la grosse heure où on reste, dont une femme avec deux garçons d'une dizaine d'années. En fait les gens viennent avec leurs bouteilles et je les remplis, et Sacha leur donne des tranches de pain. La distribution de thé me rappelle pas mal Taizé, où j'ai fait le même boulot mais pour des jeunes chrétiens urbains, cosmopolites et anglophones, donc pas exactement le même cœur de cible... J'essaie de comprendre l'intérêt de venir faire remplir quatre bouteilles de thé. Parce que ça rafraichit dans ces jours chauds ? Juste parce que c'est bon ? Peut-être parce que c'est la coutume en fin de repas de boire du thé, on ne boit même pas d'eau pendant les plats, en fait. Mais si c'est juste pour boire (parce qu'ils n'ont pas d'eau courante ou que l'eau ne soit pas vraiment potable sans filtre ou bouilloire), ce serait terrifiant.
Bon, on rentre pour déjeuner. Dans la chambre, les autres font une sieste. Je regarde les mails, le forum du SIMI, et on descend s'attaquer à notre cuisse de poulet avec des pâtes et une tomate. À notre table, Sœur Mikhaila et Père Voycek. La religieuse brise la glace en demandant ce qu'on aime en Russie. Euh... Les gens. La douceur de vivre de l'été et des quelques Omskiens qu'on a croisé, qui certes ne sont pas très riches mais ne cherchent pas à tout prix à le devenir, dans une mentalité finalement assez proche, malgré la distance, de celles de ma famille du côté de mes racines mexicaines.
[Note : je l'ai pas du tout dit comme ça, et ça a été beaucoup plus long à expliquer, et je sais même pas s'ils ont vraiment compris, mais c'est l'idée]

Mikhaila évoque l'hiver. Les températures abominablement basses (-35°C), on s'y fait, on se couvre un peu, on presse le pas quand on doit à tout prix sortir, et ça passe. Ici, la neige ne fait pas des flaques de boue et d'eau sale : elle ne fond pas, et tout est blanc et magnifique quand elle recouvre les saletés et la grisaille habituelle. Et elle crisse (là elle a fait le mouvement et le son des pas dans la neige) dans une musique ravissante, plutôt que le "floutch floutch floutch" de l'hiver parisien. Père Voycek annonce qu'on finira bien pas le vivre nous-même, puisqu'on va trouver une jolie Russe pour l'épouser et vivre dans la région. Ah, les joies de l'immigration !

Quelqu'un dit au père de parler français puisqu'il l'a appris. Il répond qu'il ne parle français qu'après quelques verres. La sœur fait une blague :"Moi je sais juste manger et dormir en français !" On a trouvé ça très drôle, quand on a fini par comprendre après l'avoir fait répéter trois fois...
Quatorze heures pétantes, c'est reparti pour un tour dans la Caritas-mobile. Aujourd'hui on a servi une grosse quarantaine de personnes. Je repère des habitués. Olga note le nom et la présence de tout le monde dans son livre. Elle demande aux nouveaux leur nom et où ils habitent. Démographiquement, c'est surtout des hommes mûrs qui viennent manger, même s'il y a deux ou trois hommes jeunes, deux ou trois femmes et une babouchka. Je ne sais pas pourquoi il n'y a pas plus de grand-mères, connaissant leur omniprésence dans les autres couches de la société... Peut-être que leurs familles prennent plus soin d'elles, ou que l'État leur donne un petit boulot. Ou qu'elles sont plus fragiles en hiver...

En rentrant au foyer, Charles qui se préparait à aller faire un tour nous aide à sortir les bombonnes de thé vides, puis je remonte à la chambre. Irina vient me voir pour me dire quelque chose, je crois que demain on va devoir dormir dans une autre chambre ; ce serait un défi, vu qu'ici c'est déjà Bagdad. En ce moment-même par terre à ma droite entre deux lits il y a entre autres des caleçons et un tome de Guerre et Paix qui recouvrent un guide Petit Futé. On discute de la rapidité avec laquelle on oublie comment parler dans une autre langue, français ou espagnol.

Note culturelle : on est en Asie et ça se voit, il y a beaucoup plus de visages de migrants chinois ou kazakhs qu'à Saint-Pétersbourg.

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