Jour 14 ou le rencard de la mort

Tout a été écrit par moi Charles P... Jour notable pour ce rencard improbable, je vous laisse lire ça, c'était plutôt drôle.

Aujourd'hui réveil vers 9h, Arthur va retrouver le camion Caritas mais il a un peu de répit. Je vais en cuisine boire un verre d'eau, je retrouve nos amis teutons qui se font un extrêmement fat petit-déjeuner à base de saucisses et de fromage. Ils ont l'air de pas trop rigoler avec la bouffe et la bière vues les quantités qu'ils ont achetées hier soir, je sens que je vais les aimer.
Trois petit quarts d'heure de taff en cuisine pour Dups et moi, ça finit en apothéose avec une coupe de pain. J'ai déjà fait de la merde il y a trois jours en ayant mal compris les explications de patronne concernant le pain, là Dups, qui est nouveau à ce poste, propose une nouvelle méthode. Je lui explique que c'est à chier, mais il insiste et je le laisse faire comme il veut. Grave erreur, il faut tenir d'une main de fer ce grand enfant. Le pain était donc effectivement massacré à la fin, et évidemment lorsque patronne est venue contrôler le travail Dups avait disparu.
Avant le déjeuner je zone à Caritas, je lis un peu et je discute avec Marik et quelques Allemands.

L'après-midi je lave quelques bouches d'aérations dans la cuisine, après trente minutes de travail peu éprouvant on me signale que je peux aller me toucher. Pour une fois Dups et moi finissons avant Arthur, à 14h30. Je lis encore un peu, j'arrive à peu près au sixième de Guerre et Paix, je vais bientôt être à court de life experience pour pouvoir continuer.

Petite discussion par SMS en russe transcrit avec Irina fitness club, elle a l'air assez saucée pour me voir, me propose demain soir puis finalement ce soir même après le taff, ça sent très très bon tout ça. J'ai donc rendez-vous avec elle à 18h30 à la sortie de son taff à deux pas de Caritas, sans savoir que ça finira par être le rencard le plus fail et marrant de ma courte vie.
L'aprem je dors et je me réveille à temps pour aller voir Irina. Je m'éclipse dicrètement de Caritas pour y aller seul. Elle est là à l'heure...

Dès le début je me rends compte qu'elle parle assez rapidement russe et que je ne comprends qu'un cinquième de ce qu'elle raconte. J'extrapole de façon approximative pour deviner le sens de ses phrases, mais je sens que je suis souvent à la rue. Elle m'offre de magnifiques cadeaux pour que je me souvienne d'elle à Paris : un aimant pour frigo de la boite où elle bosse et un truc plat où tu peux voir en 3D, elle m'explique pendant deux minutes pourquoi cet objet est fantastique1. On se balade et elle me propose de m'amener dans le Disneyland à la omskienne, c'est parti.
On arrive au bout de 15 minutes de marche et de conversation à sens unique dans ce parc, puis on se dirige vers le fond où il n'y pas d'attractions mais des lacs avec des petits ponts, et pleins de couples se baladent. Je choisis ce moment pour lui demander où elle habite, elle me répond "pas loin d'ici avec mon copain". Je lui demande confirmation, oui oui elle vit bien avec son copain aka boyfriend. En plus je le connais, c'est l'homme au polo Lacoste de samedi soir, qui est plutôt sympa pour chapeauter le tout. Là je commence à prendre conscience du gigantesque fail que je suis en train de poser. Après cinq minutes de cogitation interne je décide de la prendre à la lolade.
Irina décide de m'amener faire quelques tours d'attractions, ok je suis chaud. Elle me parle de grande roue entre autres, mais me fait acheter deux tickets. Tous les manèges sont très vieux, en mode soviétique avec de la rouille partout, c'est digne d'un film de série Z. Tour dans la grande roue où je vois tout Omsk et me retrouve pendant cinq minutes en face à face avec elle, comme dans un vrai rencard. Assez difficile à gérer, je lui demande pourquoi elle veut être prof de russe, elle m'explique qu'elle ne veut pas l'être, j'ai donc bel et bien rien compris. Maintenant de ce que je saisis j'ai l'impression qu'elle veut écrire des livres de grammaire russe, mais quelque chose me dit que c'est trop chiant pour être vrai.
Après la grande roue elle m'amène dans un truc qui ne m'inspire pas du tout confiance, un manège "extremski" qui, selon mon jugement, doit tuer une demi-douzaine de jeunes inconsicents par année. Aucune envie de passer pour une lopette, j'inspire un grand coup et décide d'y aller. Pendant toute la durée de cette expérience vomitive, elle sera morte de rire et moi pétrifié et prêt à poser une galette dans ses cheveux. Je ne le ferai pas, héroïquement. En sortant j'essaie de camoufler mon mal-être du mieux que je peux, je pense que je suis crédible.
On sort alors du parc, elle me demande si je préfère rentrer en marchoutka ou à pied, je répond à pied, puis elle me dit un truc que je comprends comme "la marchoutka c'est bien, en plus je viens avec toi dedans". Ok pour la marchoutka, au bout d'un moment elle arrête la bonne voiture et me fait monter dedans. Encore une fois je l'avais mal comprise, elle ne monte pas avec moi. Je me retrouve donc seul dans une marchoutka, ne sachant pas où descendre, quel bordel. J'appelle Arthur et lui explique que je suis dans une situation un peu cocasse. Au bout d'un moment la marchoutka passe une voix de tramway qui me dit quelque chose et un mec descend, ne sachant pas comment demander au conducteur comment descendre j'en profite pour le faire maintenant.
Je me paume en rentrant, passe devant un supermarché où j'achète une tablette de Milka pour me remettre de mes émotions, puis je trouve le foyer. Je raconte mon histoire aux deux compères, ils se marrent bien. On décide d'aller faire les courses.

Au supermarché on fait des courses de porcs (gâteaux, pâtes, clopes Saint-Georges spéciales cancer, 2L de Mountain Dew et bière). À la caisse on est derrière une jolie fille. Lorsqu'on s'apprête à remplir nos sacs de denrées on trouve un Toblerone, la caissière explique que c'est à la fille qui se trouve alors sur le parking. Quentin, notre héros du jour, court pour aller lui rendre. Il n'a absolument rien entrepris avec elle, et c'est tellement scandaleux que même la caissière se foutra de lui. Il justifiera son manque de couille par le fait qu'il porte un t-shirt, et non un polo. Sans commentaire.