Une semaine à Korsakov

Après un long silence radio dont vous comprendrez l'origine, je vous redonne quelques nouvelles rapidement. Même si je doute que beaucoup de monde me lise...

J'en étais resté à mercredi de la deuxième semaine avec le département transport (contrôle radar et tourisme autour de l'usine).

Jeudi : Transport Department - "Coordinator assistant"
Aujourd'hui, retour au département transport qui se trouve dans des préfabriqués dans la cour du siège social de SEIC (Sakhalin Energy, le consortium Gazprom, Shell, Mitsubishi voulant "devenir la première source d'énergie pour l'Asie du Pacifique", d'après leur devise...). On squatte dans le bureau d'un coordinateur qui reçoit les demandes de transport des employés de SEIC sur toute la zone sud de Sakhaline et les transmet aux chauffeurs les plus proches. Un système GPS permet de savoir la position de chaque voiture sur la carte en temps réel. Trop cool ! Il nous dit que c'est pour surveiller ce que font les vaditiéli (comprendre chauffeurs). Ces derniers sont pas très perspicaces et essaient quand même de mentir certaines fois, étant tout à fait au courant de ce système de surveillance. Il me dit qu'il arrive que certains essaient de revendre l'essence pour se faire un peu de fric...
On discute un bon moment. Il déteste cette île et n'a qu'une envie : se barrer. Mais ses parents habitent ici et il est obligé de rester... Un peu geek avec sa PSP à côté de l'ordi, il nous raconte qu'il vient du Caucase et ne se sent pas Russe. Il nous parle aussi de l'immigration à Sakhaline et nous explique qu'il ne se verrait pas ami avec son collègue d'origine coréenne. On apprend aussi qu'il y a pas mal de descendants de nord coréens sur l'île et que des programmes pour les faire venir avaient été mis en place, vestiges de cette ancienne amitié soviétique qui malgré tout dure toujours...

Vendredi : Bureaux
Retour à la case bureau et journée internet. Rien d'excitant aujourd'hui donc.
En fin de journée, on part avec Vika, une fille de Sodexo, pour monter en haut de la montagne qui surplombe la ville grâce aux télécabines. En hiver, c'est une piste de ski ! Petit resto coréen puis frites-bières au Kona Bar; Бургер Ауйси pour Quentin !
On apprend à Vika à jouer au billard avant de reprendre une bière et de rentrer...



Samedi - Dimanche : deuxième weekend
Après une bonne grasse mat', Elena vient nous chercher pour nous emmener au musée régional. A l'intérieur de ce bâtiment à l'architecture japonaise, on trouve des choses assez diversifiées sur l'île, ses habitants et son histoire. Au rez de chaussée, animaux dans du formol ou empaillés côtoient des vestiges préhistoriques. Au premier, une petite section sur l'histoire de l'île, vieille et contemporaine avec les exploitations pétrolières, ainsi qu'une salle dédiée à la conquête spatiale (ne me demandez pas pourquoi, c'est un peu comme à la Forteresse Pierre et Paul de Saint-Pét.
On finit l'aprem au City Mall, Le centre commercial et de loisirs (un mall quoi...) de l'île, à jouer comme des enfants sur divers jeux.

La soirée devient plus intéressante. Depuis le début de la semaine, il était prévu qu'on sorte en boite. Au cours de la journée, Elena nous annonce le prix : 2000 roubles. Glurps... (Ils veulent réserver une table). On lui explique alors que ça va faire un peu cher pour nous et on demande s'il est possible d'aller ailleurs. Après quelques coups de fil, elle nous annonce un nouveau prix : 700 roubles. C'est toujours pas donné mais on finit par accepter.
Elena, qui ne sort pas très souvent en boite, passe nous chercher pour qu'on y soit à 11h... Sans pré-soirée... Sans rien avoir bu avant d'entrer...
Arrivés au First, au moment de payer, surprise : "не нада " ! J'ai beau insister, leur sens de l'hospitalité nous empêche de verser le moindre rouble... On se pose donc à notre table et rapidement, tout le monde est là. On passe commande et la table se charge : vodka, whisky, jus d'orange, fruits... A 3 sur une bouteille de vodka, les shots s'enchainent rapidement. La bouteille finie, Elena interdit à Quentin de boire plus car ce dernier semble un peu trop joyeux. Malheureusement pour moi, elle commande de la vodka à la carafe et les shots redémarrent...
A 1h30, la piste de danse est bondée et le DJ se gave. La boite est plutôt huppée et les gens qui la fréquentent font très BCBG. C'est vraiment différent du Mod...
[On nous dira pas la suite qu'à Sakhaline plus qu'ailleurs il assez dangereux de sortir dans les bars plus craignos, surtout si tu ne connais pas trop les gens avec qui tu es. Il est mieux de claquer beaucoup d'argent et de venir dans ces boites très occidentales plutôt que d'aller chercher les emmerdes ailleurs. Surtout qu'ici, il n'y a que peu d'étrangers et on ne les aime pas...]
Vers 5h30, Elena s'inquiète pour Quentin et il est temps de rentrer. Un taxi, une bassine et au lit.
Le dimanche n'est pas très passionnant. Elena, qui est, je le rappelle, notre maitre de stage, s'en veut de nous avoir fait boire et flippe car elle est responsable de nous auprès de l'entreprise.
Elle amène du kéfir pour Quentin, un remède miracle parait-il. On demandera à d'autres gens et tout le monde validera. Quentin aussi. Plutôt cool comme tuyau !

Troisième semaine

Nous passons la troisième semaine dans une ville portuaire du sud de l'île, Korsakov. C'est ici que se trouve la première usine de liquéfaction de gaz naturel de Russie. En fonction depuis 5 ans, LNG (pour liquid natural gaz) est connectée par des gazoducs aux plateformes d'exploitation du nord de l'île. Sur place, Sodexo gère un hotel pour ouvrier qualifiés (réception, bouffe, blanchisserie...) ainsi que le self de l'usine (1500 repas par jour).
On logera dans ce complexe hôtelier d'environ 150 chambres jusqu'à mardi de la quatrième semaine.

La sécurité est pointilleuse et notre passeport est nécessaire à chaque fois que l'on entre dans l'usine ou que l'on rentre à l'hôtel.

Globalement, on a rien à faire. On sera un peu en cuisine, un peu dans les bureaux, un peu à la laverie quand ça nous dit. On découvre vendredi qu'une des employées de l'hôtel est d'origine moldave et parle roumain (la Moldavie était roumaine avant l'URSS) ! Elle a suivit son mari à Sakhaline et vit ici depuis 20 ans. Ne parlant jamais roumain, elle mélange beaucoup avec le russe et le rendu ressemble à un franglais à la slave.

Je donnerai peut-être plus de détails sur cette semaine si j'ai du temps

Troisième weekend
On passer le weekend dans la capitale avec des gens de Sodexo.
Musée d'art et Musée Tchékhov (ce dernier a passé 3 mois et 3 jours sur l'île pour étudier les conditions de vie des bagnards. Il décrira l'île comme "l'enfer sur Terre".
Le soir, retour au First. Une fois de plus on nous paie tout mais elles finissent par accepter que je participe un peu.
Quentin se dégonfle pour la vodka et je me retrouve à faire une bouteille à deux avec Elena, une russe...
Finalement, c'est elle qui finira trop ivre et me demandera de la surveiller pour l'empêcher de boire. Franco-roumain 1, russo-coréenne 0 :p
On finira la soirée à chanter dans les rues de Ioujno à 5h du mat'.

Le lendemain, on retrouve d'autres filles de Sodexo pour voir la Planète des Singes, en russe bien évidemment !
Le scénario n'est pas très dur et on arrive quand même à suivre l'histoire.

Lundi : Retour à LNG

On aide un peu Masha, la fille de la laverie qui est très sympa avec nous. A 24 ans elle est déjà mariée et maman...
Elle me charriera à cause de la réceptionniste, Tania, une fille de 21 ans très jolie et plutôt classe. Cette dernière, qui était plutôt sympa au début, a vite donné l'impression d'être saoulée par le fait qu'on arrivait pas à se comprendre et le jeu de Masha finira par nous rendre mal à l'aise...

Le soir, on rencontre un mec de 24 ans, opérateur à l'usine, que j'appellerai Mikhail car j'ai oublié son nom. Il a un look de surfer, kiffe le free-style en snowboard et parle mieux anglais après 4 ans que certains français après 11 ans... Ayant une voiture, il nous propose de faire un tour en ville pour nous montrer quelques trucs. Plutôt excité par cette occasion de quitter cet hôtel isolé, j'accepte tout de suite mais Quentin freine méchamment car il veut parler à Anne-Sophie à 9h30.............. Pas moyen de le convaincre, il faudra limiter la soirée.
Dans un coupé toyota sportif, on sort donc se balader. Mikhail nous explique qu'il veut se barrer de Sakhaline pour aller vivre à "Péter". Il veut aussi changer de boulot car opérateur à l'usine, ça le saoule pas mal. Né à Korsakov, il continue d'y habiter quand il ne loge pas à l'hôtel.
Apparemment, malgré le début des exploitations gazières et pétrolières, c'est toujours autant la merde ici. SEIC a construit cette usine gigantesque qui pourrait nuire à la santé des habitants mais tout l'argent part à Moscou et rien n'est redistribué. Il nous dit aussi que la ville est très très craignos et qu'il ne faut pas qu'on s'y ballade. Il n'y a rien à faire et beaucoup de racailles "aux cheveux cours" comme des skinned causent des problèmes. Ses cheveux un peu longs lui attirent souvent des ennuis car on n'aime pas ça ici.
Un peu plus tard, il tente de nous montrer un ancien bunker japonais de la 2e guerre mondiale. On gare la voiture car la fin du trajet se fait à pied. Alors qu'on s'approche à travers les hautes herbes, des voix et de la fumée se font remarquer. Un peu blasé, il nous dit alors de faire demi-tour car c'est trop risqué.
Maintenant, il est temps de rentrer pour le rendez-vous de Quentin... Mikhail se rend compte que la route qu'il voulait prendre est fermée et claque un 180° en plein centre-ville, balèze ! Je me disais bien que les 50 km/h qu'il affichait depuis le départ n'étaient pas sa vraie façon de conduire. Voyant qu'on aime bien ça, il passe en mode rallye et à la sortie de la ville, accélère pied au plancher jusqu'à 140 sur une route de campagne double sens, en feux de position... Un peu d'adrénaline avant de rentrer !


Le mardi s'est révélée journée full glande. On est rentré à Ioujno en fin d'après-midi pour la fin du stage.

Petit oubli...

Internet à l'hôtel et à l'usine était filtré par SEIC (Sakhalin Energy). Le forum s'affichait à moitié et je ne pouvais pas me logguer pour poster...

Stylé =)
Petite pensée (et grosse lolade) pour Quentin au fond de son lit.

Note culturelle : on écrit "skin head". Parce qu'ils ont que de la peau sur la tête.